Un mot après un mot
La phrase après la phrase
Et la page se noircit de signes
D'appels au secours
De cris de détresse
Avec tout en bas
L'humour qui vous étrangle
Et scie la branche fragile
Sur laquelle on faisait le singe
Avec force grimace.
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FABLE À L'INTENTION
DE PENSIONNAIRES DE MAISONS DE RETRAITE
(une aventure du Commissaire Badouz)
Un ratelier vorace
Se cachait sous le lit
D'une grand'mère aphone.
Elle entendait fort bien
Mais de sa bouche hélas
Ne sortaient que des souffles
Totalement inaudibles.
Le crissement sinistre
(car il mangeait le lâche
Ou plutôt grignotait)
Du ratelier caché
Dans la nuit insondable
Avait l'intensité
D'un grouillement terrible.
On aurait dit les craquements
D'un tremblement de terre
D'une maison qui s'écroule
Ou d'un troupeau de tigres
Déchiquetant leur proie.
Terrorisée la vieille
Essayait de crier
Mais n'y arrivait point.
Au secours soufflait-elle.
Mais qui peut dans la nuit
Percevoir ce murmure?
En écoutant bien
On aurait pu se dire
Qu'une souris fragile
Dégustait une biscotte.
Mais quoi! On le sait bien
Ni souris ni cafards et ni rats
Dans cet établissement
De catégorie A.
Et pourtant ça craquait
Ca croquait ça crissait.
La vieille suffoquait
Son vieux cœur s'emballait.
Elle blanchissait de peur.
Elle voulut s'échapper
Et tomba de son lit.
Avant de trépasser
Elle eut le temps de voir
Un dentier mécanique
Riant à pleines dents
Le commissaire Badouz
Fin limier s'il en est
Arrêta un neveu
Ayant imaginé
Le crime plus que parfait
Pour hâter l'héritage.
Une vieille grand'mère
Trouvée morte de trouille
Qui dont s'en souciera?
Il avait oublié
Qu'un crime même parfait
Ne profite jamais.
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50 BERGES
Et si
Pendant dix ans tu t'endormais
Pendant dix ans tu t'endormais
Une immense parenthèse
Et si
Quand tu te réveillerais
On te disait
Maintenant il faut vous reposer
Allons, mon cœur, cesse de rêver!…
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