Un mot après un mot
La phrase après la phrase
Et la page se noircit de signes
D'appels au secours
De cris de détresse
Avec tout en bas
L'humour qui vous étrangle
Et scie la branche fragile
Sur laquelle on faisait le singe
Avec force grimace.
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POISSON FADE
Il avait un regard de poisson cru.
Pas frit.
Cru.
Pas frais non plus.
Enfin, pas trop frais, ni pas trop cru.
Fade.
Il avait un regard de poisson fade.
Un regard mouillé…
Bien sûr…
Les yeux cernés par on ne sait qui par on ne sait quoi.
En tous cas, évidemment cernés par son air fadasse tiède et las.
Mais las…
Un regard épuisant de lassitude.
Quand il vous regardait, l'œil fade, fadache, fadoche, faduche, fadasson, on sentait tout le poids de sa lassitude qui passait de son œil dans votre œil et on se sentait écrasé d'ennui dans un bâillement sinistre.
Crrrrrrrrrrrrrrrrraaaaac!…
À vous décrocher la mâchoire.
Alors, il remuait la queue comme un poisson gai.
Un poisson à la queue gaie mais au regard triste et fade.
Et il s'en allait son forfait accompli,
nageant mollement entre deux eaux.
Vous, vous restiez avec votre désespoir
et votre mâchoire décrochée
à attendre le passage du raccrocheur de mâchoires,
le deuxième lundi des mois pairs.
Sans rien dire.
Forcément.
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50 BERGES
Et si
Pendant dix ans tu t'endormais
Pendant dix ans tu t'endormais
Une immense parenthèse
Et si
Quand tu te réveillerais
On te disait
Maintenant il faut vous reposer
Allons, mon cœur, cesse de rêver!…
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